Une arrivée des plus fracassantes... [PV Nina]

Plus ils acceléraient, plus il semblait à Colton que les parois de la montagne se rapprochaient encore plus vite, que leur seul et unique but semblait être de voir les deux amants écrasés dans leur mortelle étreinte, les transformant en un tas de viscères et d'os brisés collés entre eux. Mais leur heure ne semblait pas arrivée, puisque Nina finit par s'extraire du trou où ils avaient dû entrer, et tira violemment sur le lien pour empêcher le funeste sort de s'abattre sur son amant. Peut-être aurait-elle dû se contenter de sortir et de laisser Wales sortir de lui-même, ou peut-être cela n'aurait-il rien changé. Quoi qu'il en soit, Fernandez, toute heureuse de s'en être sortie, n'avait pas regardé ou elle mettait les pieds, et avait glissé dans un ravin, entraînant le mercenaire à sa suite.

Enregistrant la scène à toute allure, le pistolero fit à nouveau preuve de ses prodigieux réflexes, se laissant tomber sur le sol, plantant la pierre aiguisée placée dans sa main gauche dans la terre à la fois meuble et dure, tandis que la droite retenait la Hors-la-Loi grâce à la fine cordelette qui les liait. Tentant de regrimper à plusieurs reprises en vain, Colton comprit alors que c'était à lui de trouver une solution pour les tirer du nouveau problème qui leur tombait dessus. Réflechissant à toute allure, il fut malheureusement interrompu par Nina, qui semblait avoir trouvé une solution radicale.

Sans la moindre once de remords, elle ordonna au pistolero de lui trancher la main. Celui-ci écarquilla les yeux. Le lien qui les unissait étant indestructible, taillader la chair était le seul moyen de les séparer. Mais non, Wales se refusait à laisser mourir sa bien aimée, encore moins de lui faire le moindre mal, car après un tel acte, jamais plus il n'oserait se regarder dans un miroir...

"Vas te faire voir ! Il n'est pas question que je te laisse crever !"

Mais Nina ne semblait véritablement pas prête à laisser son amant mourir avec elle s'il pouvait survivre. Manque de chance pour elle, Colton refusait de vivre sans elle à ses côtés. Lorsqu'elle prononça sa dernière phrase, le mercenaire la regarda bien dans les yeux, tandis que les larmes se mettaient à couler de plus en plus fort, plusieurs atterrissant dans le visage résigné de Fernandez.

"Je refuse de te laisser tomber... Tout simplement parce que..."

Tirant sur sa main blessée, isolant la douleur dans un coin de son esprit afin de ne se concentrer que sur le lien qui conservait la Hors-la-Loi dans le monde des vivants. Il prononça alors, en même temps que la jeune femme, les mêmes mots, la même phrase qui les unirait à jamais, par delà la vie et la mort, par delà les siècles et les millénaires. Toujours, cette phrase persisterait dans l'éternité pour confirmer ce que deux amants, sur le point d'être séparés à tout jamais, s'était mutuellement avoués ce qu'ils cachaient au plus profond de leur coeur depuis le début de leur collaboration :

"Je t'aime."

Ce fut à cet instant que tout s'enchaîna à une vitesse hallucinante. Les deux tourteraux se rendirent simultanément compte que la cordelette se mettait à griller, se fragilisant avec les secondes, menaçant de laisser Nina choir au fin fond du tréfond d'un abîme sans fond. Sans même réflechir une seconde de plus, Colton bondit, abandonnant sa position sécurisée, pour attraper la main de Fernandez. Mais la pierre ne supporta pas ce poids supplémentaire. Les doigts du pistolero non plus. Le choc violent lui brisa net l'avant-bras, mais à aucun moment il ne consentit à lâcher son épouse. Et voilà que le deux tombèrent, glissant comme une pierre tombant dans l'eau. Pendant un instant, Wales eut même l'impression de voler. Mais rien n'était plus important que les derniers gestes qu'il allait accomplir désormais. Serrant son bras valide autour du corps de Nina, il l'embrassa alors, avec plus de passion et de rage qu'il n'avait jamais embrassé aucune femme. Chaque partie de son corps et de son âme irradiait de bonheur pur, et rien ne pourrait plus y changer. Pas plus le choc brutal avec le sol, qui leur détruisit la majeure partie des os et des organes, ni même la gigantesque branche de bois qui jaillissait du sol pour leur perforer leurs coeurs, comme unis en une seule, unique et ultime étreinte. Mais à aucun moment les deux amants n'interrompirent leur baiser.

Pas même lorsque la mort s'en vint les saisir de ses doigts glacés.

Ce fut à cet instant que Colton rouvrit les yeux.

Pas de Nina, pas de gouffre ni de branches perçantes. Juste un toit de toile. Puis, un visage rouge et couvert de peinture se pencha au-dessus de lui. Rarement Wales avait été si heureux de voir l'Homme-Médecine. Se redressant subitement, il eut le loisir de se retrouver dans le tipi du chef, face à celui-ci et son épouse, Anoki et les deux autres guerriers qui avaient assisté à leur mariage étaient toujours là. A côté du pistolero, Nina se réveillait à son tour, toujours liée par une cordelette. Mais ils n'avaient rien. Plus aucune blessure, plus de cicatrices, plus de brûlures. Ce fut à cet instant que Colton comprit.

"Effectivement. Pourquoi un ravin alors que nous étions au fond d'une vallée ? Je suppose que c'était ton plan d'origine, Anoki, et que tu en as parlé avec l'Homme-Médecine pendant que tu étais parti le chercher, n'est-ce pas ?"

Sous ses yeux, le frêle petit sac de toile qui avait contenu la poudre rosée dont le guérisseur les avait imbibé tout en prononçant des paroles incompréhensibles. Loin d'être un simple rituel de mariage, cette drogue était souvent utilisée par les Indiens, afin de pouvoir faire le point sur leur âme, de connaître l'idée qui contrôlait leur esprit avant toute chose.

"Tu ne pensais tout de même pas qu'on allait vraiment vous faire passer un test dont très peu de Visages Pâles seraient aptes à sortir vainqueurs ?"

Bien évidemment. Le plan d'Anoki comprenait toujours une part de risque, mais il n'aurait jamais non plus laissé sciemment son ami se faire tuer. Pourquoi Colton avait-il omit cette partie de l'équation ? Souriant, le guerrier indien déclara :

"Ce lien n'est qu'une cordelette banale. Vous avez passé plus de temps à affronter des dangers et à relever plus d'exploits que bien des couples. Vous êtes libres de vous séparer. Si vous le souhaitez réellement, bien sûr..."

Colton ricana, en ôtant la cordelette, et en se relevant. Puis, il saisit Nina et la releva jusqu'à lui. La serrant contre son coeur, il reprit son baiser si brûlant de passion, que la mort avait interrompu trop tôt. Lorsqu'enfin leurs lèvres consentirent à se séparer, le mercenaire déclara :

"Oui, j'accepte de prendre Nina Fernandez pour femme. Et je jure de la protéger et de la chérir jusqu'à mon dernier souffle."

Souriant, Anoki commença à traduire pour le chef, lorsque celui-ci déclara d'une voix forte :

"Merci, mais j'avais compris..."

Cette réplique stupéfia Anoki. Ainsi, le grand stratège des Indiens ne savait pas tout ! Mais heureusement, il était également homme à tirer avantage de ses erreurs, et imitant Colton, le sachem et son épouse, les suivit dans un long rire joyeux, qui résonna dans tout le village, imprégnant chaque habitant du bonheur qui l'animait...

Si Colton ne se résignait pas très rapidement à la sacrifier, ils allaient mourir tous les deux. C’était tellement injuste. À quoi bon avoir traversé toutes ces épreuves, surmonté tous ces obstacles pour connaître ensuite une telle fin ? Nina n’avait jamais eu peur de la mort, elle savait bien qu’elle y passerait un jour. Mais pourquoi fallait-il que ce soit maintenant ? Alors même que la vie lui offrait le plus beau cadeau qui soit. Alors comme à chaque fois que la mort avait menacé de les emporter depuis qu’Anoki les avait poussés dans le vide, ses pensées se tournèrent exclusivement vers son amant, occultant tout le reste. Il n’y avait plus d’échappatoire cette fois mais la jeune femme était étrangement apaisée. Il y avait une chose que la mort ne pourrait pas leur enlever et que Nina emporterait avec elle dans l’éternité. Une chose qui se résumait à trois petits mots qu’ils prononcèrent d’une même voix.

- Je t'aime.

À cet instant, la cordelette qui retenait leurs poignets se fragilisa. Colton se précipita pour ne pas lâcher Nina et ils basculèrent tous les deux. Leur chute parut interminable mais ça n’avait plus d’importance. Unis dans une ultime étreinte, ils partagèrent un baiser que les plus légendaires des amants leur auraient sans doute envié. Accroché l’un à l’autre, plus rien d’autre ne comptait. Pas même leurs larmes respectives qui se mélangeaient. Et même la mort elle-même ne parvint pas à les séparer en dépit de ses efforts pour rompre leur étreinte.

Alors, au moment même où leur dernier souffle s’échappait, Nina se réveilla.

La jeune femme se redressa doucement, le temps pour son esprit de reconstituer les évènements. Un rêve, bien sûr. Ce genre de rêve dont les indiens se servent pour franchir les étapes importantes de leur vie et dans lequel l’Homme-médecine les avait plongés. Lorsqu’Anoki évoqua la possibilité qu’ils se séparent, il eut droit à un regard noir de la mexicaine. Et puis quoi encore ? D’abord il leur faisait affronter ensemble une multitude d’épreuves plus mortelles les unes que les autres et à présent il pensait réellement qu’ils allaient pouvoir repartir chacun de leur côté ? Nina commençait à en avoir assez de voir le guerrier se moquer d’eux ouvertement. Elle lui aurait d’ailleurs bien dit sa façon de penser si Colton ne l’avait pas entrainée dans un baiser passionné juste à ce moment là. Lorsqu’ils s’écartèrent l’un de l’autre, elle avait oublié ses idées de vengeance et en écho à son aimé, elle déclara, rayonnante :

- Oui, j'accepte de prendre Colton Wales pour époux. Et je jure de le protéger et de le chérir jusqu'à mon dernier souffle.

Puis elle se joignit à l’élan d’hilarité générale avec sincérité. Un sentiment de bien-être l’envahissait et lui tiendrait compagnie une bonne partie de la journée encore. Elle aurait aimé prolonger ce moment mais une longue les attendait et ce fut bientôt le temps des adieux. Les deux jeunes mariés remercièrent chaleureusement leurs hôtes pour leur accueil et pour les vivres dont ils avaient généreusement garni leurs sacoches. Puis dans un mouvement parfaitement symétrique, ils se mirent en selle avant de lancer leurs montures en direction de Tombstone. La journée était déjà bien avancée et ils ne devaient pas trainer s’ils voulaient atteindre la ville fantôme avant le coucher du soleil.

Ils ne parlèrent pas beaucoup durant le trajet, s’échangeant simplement regards et sourires de temps en temps. Très souvent en fait. Depuis leur rencontre au saloon, c’était la première fois qu’ils pouvaient savourer pleinement un moment de paix. Plus de questions, plus de doutes, plus de lutte pour survivre. Juste eux chevauchant côte à côte. Heureux. À cet instant, Nina sut que plus jamais elle ne voyagerait seule. Ils étaient deux à présent et elle comptait bien tout faire pour qu’il en soit ainsi le plus longtemps possible.

» Nina Fernandez [ADMIN]
» Le choix des Puissants... [PV Nina]
» Le travail, c'est la santé ! [PV Nina]
» La Gueule du Loup [PV Nina]