Exil - Archive

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Les trois cavaliers alignés de front attendirent que la poussière soulevée par le troupeau de Longhorns qu’ils convoyaient retombe un peu avant d’ôter les foulards qui leur protégeaient la bouche et le nez.
L’un d’eux se frotta les yeux.

-Tombstone…Ce n’est pas que je trouve cette ville accueillante mais au moins il y aura de l’eau et nous ne serons pas dérangés.

La ville était tombée à l’abandon après avoir été prospère, unique. Dangereuse.
L’un des cavaliers à la chevelure noire et longue, à la peau bien plus sombre que ses compagnons de route cracha sur le sol en direction de la ville fantôme.

Le premier, celui qui venait de se frotter les yeux, sembla surpris par le geste.

-Pourquoi ce crachat Nachez ? Je sais bien que tu ne fais jamais rien sans une bonne raison…

L’homme hocha lentement la tête.

-Tombstone est la ville des morts. Des morts qui ne trouvent pas de repos.

-Tu veux dire des fantômes ?

Nouveau hochement de tête.

-Ne t’inquiètes pas, déjà nous ne resterons qu’une nuit et ensuite nous n’avons pas de raison de nous approcher de la ville…

-Eh mais j’ai bien l’intention d’y aller faire un tour Jonny, tu m’avais promis que je pourrai la visiter !

Le prénommé Jonny fit la grimace. En effet, il avait fait cette promesse au plus jeune de ses cowboys, que s’ils passaient par Tombstone il pourrait aller faire un tour dans la ville fantôme.
Il se tourna vers Nachez, l’Apache Jicarilla.

-C’est vrai je lui ai promis. Tu n’es pas obligé de venir, tu peux rester avec les autres et t’occuper du campement.
Allez, on y retourne !.

Les trois hommes remontèrent leurs foulards et replongèrent dans la fournaise et la poussière. Deux cent jeunes bêtes qu’ils convoyaient depuis la Californie, destinées à remplacer les lourdes pertes dues à l’incendie qui avait ravagé le ranch MacLain.
Deux cent jeunes bêtes dans lesquelles étaient partis les derniers dollars du ranch. Le troupeau de la dernière chance en quelque sorte.

Quelques heures plus tard alors que le soleil descendait dans le ciel, teintant le désert de couleurs rougeâtres, deux cavaliers prenaient la direction de Tombstone.
Les Longhorns par leurs meuglements semblaient donner un peu de vie à cette partie bien abandonnée.

-Hey Jonny, regarde un peu ça ! Le saloon !

Rusty se promenait dans la ville fantôme avec les yeux d’un gamin planté devant les bocaux de sucreries chez l’épicier. D’ailleurs c’était ce qu’était Rusty, un gamin.

-Oui ben en ruines ou pas le saloon ne sert pas de lait ! Tu voulais faire un tour en ville tu ne m’as jamais dit que tu voulais venir boire un verre. Allez viens ! plaisanta Jonny

Mais Rusty mettait pied à terre et lui jetait les rennes de son gelding gris.

Jonny regardait la rue et il y vit des traces de sabots. Ce n’était pas des vaches et c’était ferré. Donc ce n’était pas des Indiens.
Il n’y avait pas de cheval en vue mais bientôt il eu la conformation de ce qu’il pensait. Small King hennit et eut une réponse.

Rusty était déjà devant la porte du saloon, prêt à entrer.

-Rusty ! Il y a quelqu’un d’autre ici !
IL décrocha sa winchester de son holster et l’arma.
On n’était jamais trop prudent.

Dix ans. Dix ans, soixante-quatre jours et cette matinée. Voilà depuis combien de temps la ville de Tombstone était laissée à l'abandon. Du jour au lendemain, tous ses habitants avaient fait leurs baluchons et s'étaient enfuis, quittant cette ville qui avait été leur berceau pour certains, sans jamais expliquer pour quelle raison, et les rares habitants qui avaient été interrogés sur ce sujet étaient demeurés muets comme des tombes. Certes, il n'était pas rare que des villes deviennent des cités fantômes du fait de la fièvre de l'or, qui poussait les habitants à une exode massive vers un coin bien plus riche en métal jaune. Mais le mutisme des ex-citoyens de Tombstone, allié à la vitesse impressionnante de leur fuite, alimentait grandement les rumeurs. Beaucoup avaient disparus. Aujourd'hui, on prétendait que ce qui restait de la banque dissimulait un trésor suffisamment colossal pour mettre à l'abri du besoin durant toute une vie, mais gardé par une armée de spectres meurtriers, tuant tous les intrus qui tentaient de s'approprier leur bien, pour faire un gardien fantômatique supplémentaire.

Ce fut la tête farcie d'interrogations de ce genre que Colton abandonna la surveillance à Nina afin de pouvoir se coucher. Il mit de longues heures à se tourner et se retourner, incapable de trouver le sommeil. Mais il lui semblait que son épouse avait dû subir un sort identique, et aucun n'eut droit au sommeil réparateur auquel ils aspiraient. Soupirant, le pistolero se redressa en même temps que le soleil, priant que leurs travaux de préparations et de protections qu'ils entameraient aujourd'hui leur suffirait à s'endormir en toute quiétude. Assis dans sa couche, il attendait un peu, cherchant Nina du regard, dont les bottes étaient clairement visibles sous la double porte du saloon. Mais celles-ci firent brutalement demi-tour, avant d'entrer précipitament, tandis que la jeune femme, visiblement inquiète, sans qu'elle n'en laisse rien paraître, le prévenait d'une probable visite. Se frottant les yeux, le mercenaire se leva à toute allure et accrocha son ceinturon à sa taille, tandis que Fernandez l'embrassait délicatement avant de retourner à son poste d'observation.

Entièrement équipé, Wales s'apprêta à sortir avant de faire volte-face, revenant vers les couvertures, aggripant son chapeau et coiffant celui-ci avant de repartir, rejoignant son amante sur le perron du bâtiment.

Effectivement, l'horizon vomissait des volutes de fumées, qui semblaient se rapprocher de la ville à moyenne vitesse. Trop de poussière pour un seul et unique cavalier. Si une menace se profilait, c'était presqu'une armée qu'ils devraient affronter. Perdant tout sourire et toute émotion, le jeune homme se tourna vers la Hors-la-Loi, lui lançant d'une voix neutre :

"Dissimule les chevaux, et cache-toi. On se met à l'abri et on se prépare à faire feu. On ne tire que si on a pas d'autres choix. Et si on doit en venir à cette extrémité..."

Il saisit alors assez durement le bras de la jeune femme et planta son regard dur dans les yeux de Nina :

"Alors ce sera tirer pour tuer."

Sans un mot de plus, il lâcha la jeune femme, dégaina sa winchester et chargea son arme. Dans un moment comme celui-ci, pas le temps pour l'amour ou le moindre sentiment. Oui, il aimait Nina plus que tout, mais s'ils espéraient survivre tous deux, ils devaient se séparer, afin de faire le plus de dégâts possibles et empêcher les assaillants probables de leur faire encaisser la moindre blessure. Au fond de lui, Colton espérait que la jeune femme ait compris ses intentions véritables et n'en garde pas rancoeur.

Se positionnant dans le bâtiment d'en face, une blanchisserie chinoise, à coup sûr, il se posta au sommet, prêt d'une fenêtre, ou le mur se montrait assez friable. Usant de son couteau et de quelques violents coups de pieds, il creusa un trou dans celui-ci, s'offrant un angle de tir privilégié, car protégé des éventuelles ripostes. Une tactique relativement lâche, mais salvatrice. Et Colton ne s'était jamais encombré des notions d'honneur et de courage. Excepté pour sauver sa femme.

Lorsqu'enfin quelques personnes s'approchèrent, de longues heures plus tard, Wales s'était débarrassé de son manteau, regrettant amèrement le climat aride de l'Arizona, ainsi que l'absence de toit pour lui offrir un soupçon d'ombre. Néanmoins, il ne fut guère rassuré par la présence des deux hommes. Impossible qu'eux seuls aient soulevé tant de poussière !

L'un d'entre semblait encore plus jeune que Nina et Colton, tandis que l'autre semblait avoir une trentaine d'années. Du moins, à ce que le pistolero parvenait à voir de sa position très inconfortable.

Il semblait que les deux hommes soient de simples cow-boys, ce qui rassura relativement le mercenaire, du moins, jusqu'à ce que le plus âgé repère les traces de sabot laissées par un des chevaux.

"Oh oh..."

Alors que le plus jeune semblait sur le point d'entrer dans le saloon, l'autre lui lança qu'ils n'étaient pas seuls dans la ville, et dégaina son fusil, qu'il chargea. Réagissant au quart de tour, Colton tira, et la balle atterrit violemment à quelques centimètres du pied du Cow-boy. Pas de risques inutiles. A ce qu'ils voyaient, les autres personnes qui les accompagnaient, et leur troupeau, visiblement, demeuraient en-dehors de la ville, et les tuer risquait de leur causer plus de tort que de bien. Aussi, mieux valait savoir ce qu'ils souhaitait. Cela semblait revenir sur les ordres de Wales, mais celui-ci se doutait que la fille d'El Jinete retiendrait la pression sur la gâchette.

"LÂCHEZ VOS ARMES, ET IL NE VOUS SERA FAIT AUCUN MAL !!"

Colton ignorait ou se trouvait Nina, et il espérait qu'elle serait suffisament proche pour l'entendre, et si possible, agir d'un peu plus près. Tout ce qu'il souhaitait, c'était qu'ils n'ouvrent pas le feu. C'étaient des Cow-boys, pas des chasseurs de primes ou des Hors-la-Loi, il y avait donc une possibilité de négocier. Et Wales espérait que ceux-ci étaient arrivés à la même conclusion...

Bientôt, Colton rejoignit la jeune femme devant le saloon. Comme elle il posa son regard sur l’horizon et sur le nuage de poussière qui approchait. Les nouveaux arrivants étaient encore loin mais leur nombre les rendait repérables depuis une longue distance. Prenant la direction des opérations, le pistolero demanda à Nina de dissimuler leurs chevaux avant de se mettre en embuscade. Avec aussi peu d’émotion que lui, la mexicaine s’exécuta. À cet instant, ils n’étaient plus amants ni même époux, ils étaient redevenus partenaires avec une facilité qui rassura Nina. S’ils pouvaient mettre ainsi tous les deux leurs sentiments de côté, ils éviteraient de se faire tuer en prenant des risques inconsidérés.

La jeune femme laissa son compagnon s’éloigner sans s’en soucier plus longtemps et s’approcha des chevaux. Elle détacha celui de Colton et saisissant les brides de leurs deux montures, elle les conduisit derrière le bâtiment en ruines. Ainsi ils étaient à l’abri des regards d’éventuels passants dans la grande rue et restaient néanmoins facilement accessibles en cas de nécessité de fuir. Elle avait pris soin auparavant de récupérer les quelques affaires qu’ils avaient déballées afin de ne rien laisser dans le vieux saloon. Lorsqu’elle eut à nouveau attaché le cheval de son époux, Nina retourna dans la salle.

Commença alors une longue attente. Posté à gauche de la double porte, elle avait une vue parfaite sur la grande rue et pouvait repérer n’importe quel arrivant bien avant qu’il ne soit devant le saloon. De plus, elle avait un bon angle de tir et pouvait également surprendre quiconque voulait s’aventurer à l’intérieur. Avec calme, elle sortit ses colts l’un derrière l’autre, vérifiant qu’ils étaient chargés correctement. Elle avait l’habitude de le faire tous les soirs et savait déjà qu’ils étaient en parfait état de marche mais une vérification supplémentaire ne coûtait rien. Durant tout le temps qu’elle passa à attendre, elle eut tout le loisir de réfléchir. Colton avait parlé de tirer pour tuer. Cette idée la répugnait et pourtant elle savait qu’il avait raison. Après tout elle l’avait déjà fait l’autre soir à Dodge. Et elle savait que s’il le fallait, elle n’hésiterait pas à appuyer sur la détente. Mais malgré tout, elle espérait ardemment ne pas devoir en arriver à cette extrémité.

De longues heures s’écoulèrent encore avant qu’il n’y ait du mouvement. De là où elle était, Nina voyait clairement deux hommes approcher. Enfin plutôt un homme et un gamin… ils avaient l’air de simples cow-boys mais la jeune femme ne savait que trop qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Elle en était une preuve vivante. Les mains sur les crosses des ses colts, elle attendit sans un bruit. Les deux intrus s’arrêtèrent juste devant le bâtiment et le plus jeune descendit de cheval. Il avait visiblement l’intention d’entrer. Nina se tenait prête. C’est à ce moment là que le plus vieux s’aperçut qu’ils n’étaient pas seuls et la mexicaine retint un juron en entendant le cheval de Colton trahir leur présence.

Au même moment un coup de feu retentit. Repérant d’où venait le tir, Nina identifia la cachette de son époux. Il se tenait embusqué au dernier étage du bâtiment de l’autre côté de la rue. Volontairement, il avait tiré de façon à frôler le pied du plus vieux des deux cow-boys. La jeune femme ne put s’empêcher de sourire. À eux deux, ils faisaient une belle équipe. Si Colton la surpassait en vitesse de réaction, ils étaient tous deux d’égale habileté en ce qui concernait la précision du tir.

- LÂCHEZ VOS ARMES, ET IL NE VOUS SERA FAIT AUCUN MAL !!

La sommation allait un peu à l’encontre de ce que le pistolero lui avait dit un peu plus tôt. Pourtant, la jeune femme n’avait aucun mal à suivre le raisonnement de son époux pour la bonne raison qu’elle avait eu le même. S’ils avaient adopté une attitude défensive en s’apercevant de leur présence, les deux hommes ne semblaient pas représenter un véritable danger dans le sens où ils n’avaient pas le profil d’individus agressifs. S’ils pouvaient éviter un bain de sang inutile, ils ne devaient pas s’en priver.

Alors Nina agit à son tour. Sortant de l’ombre de sa cachette, elle se trouva juste devant le plus jeune des deux intrus. Elle n’avait pas franchi les portes battantes qu’il pouvait déjà sentir le contact froid du canon de l’un des colts de la belle entre les deux yeux. L’obligeant à reculer, la jeune femme sortit, son autre arme pointée en direction du deuxième cow-boy. Avec un calme impressionnant elle conseilla.

- Je serais vous, j’obéirais…

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D’ailleurs même en étant prudent…
Cette ville était pire qu’un serpent à sonnettes. Oui parce que contrairement au reptile que l’on entendait arriver, même si c’était souvent trop tard, cette mère de tous les vices ne prévenait pas. Et là ils en avaient la preuve.
Comme ce mec qui les tenait en joue et qui était trop près du gamin.
La seule chose qu’il avait à faire c’était d’obtempérer. IL ne se voyait pas ramener aux Goodnight le corps de leur fils après leur avoir ramené celui de leur fille l’an passé…
Au campement les autres devaient avoir entendu le coup de feu. D’ailleurs, comment aurait pu en être autrement dans la solitude de ce désert. Pecos Bill allait s’inquiéter, Nachez allait maudire la ville encore une fois et ils allaient tous débarquer.

- Lève les mains Rusty...

Campement :

Au campement, le vieux Pecos Bill, qui faisait à la fois office de cuisinier, de médecin et de prêcheur sursauta au-dessus de sa marmite. Un coup de feu et qui venait de la ville fantôme, là à quoi, un quart de mile du troupeau.
Il ronchonna.
Les longhorns eux aussi avaient entendu et le campement plutôt calme avant le coup de feu s’anima soudain de meuglements et de poussière du désert.

« L’est fou le Jonny de faire le coup d’feu comme ça, y sait ben que ça fait peur aux bêtes ».

Nachez darda son regard noir vers la ville de bois toute proche.
Sauf que le coup de feu, ce n’était pas Jonny MacLain qui l’avait tiré.

Il se dirigea vers Downey et Hershauer qui chiquaient près du chariot.
Downey cracha et se racla la gorge tandis que l’immigré allemand regardait l’Indien.

T’as pas l’air heureux Nachez dit il avec un fort accent de son pays d’origine.

Jonny à Tombstone, il a des ennuis.

Penses tu ! Ils vont faire l’ tour des ruines et y reviendront. Tu crois quoi qu’c’est c’est un fantôme qu’a tiré ? C’est tout toi ça !

Ce n’est pas Jonny qui a tiré.

Oui ben c’est p’t’être l’gamin. L’ aura vu un crotale sous une pile d’bois ! Eh p’t’être même qu’il a vu un fantôme qui danse avec une bouteille d’scotch à la main le veinard !

Downey pouffa. L’Apache n’insista pas. Ce blanc était un crétin. Mais quand il partit, Hershauer lui emboîta le pas.

Tu crois vraiment qu’ils ont des ennuis ?

Hochement de tête tandis qu’il montait lestement son étalon burro tacheté de blanc et de palomino.
Pecos Bill arriva sur ces entrefaites, une poêle à frire à la main, la brandissant comme s’il avait s’agit d’une arme.

Ou c’est y q’tu vas l’Indien ?

Nachez montra Tombstone d’un geste du menton.

Hirschauer accompagne le et
IL brailla.
Laurel ! Stevens ! Où c’est t’y que vous z’êtes tas de fainéants ! V’nez par ici, sellez vos ch’vaux en vitesse et allez en ville ‘vec Jacky et l’Indien !

En ville justement.

-Je ne sais pas qui vous êtes et ça m’est complètement égal mais le gamin voulait juste visiter cette saleté de ville. On est à l’extérieur avec un troupeau que nous convoyons. J’ai pas de fric et lui non plus. Vous voulez quoi ?

Probablement leurs chevaux. Non. Ca ne tenait pas debout. Des chevaux ils en avaient et le vol de chevaux était passible de la corde. Et puis il leur faudrait faire des miles et des miles avant de pouvoir les vendre. Et puis ils pouvaient sêcher là longtemps avant qu’un cavalier ne vienne…

Non. Nachez avait raison. C’était une ville maudite. Les gars là n’étaient pas des fantômes, ils étaient bien réels. C’était la seule chose sur laquelle l’Apache se trompa…

-Dites à votre copain de ne pas braquer le gamin comme ça, je n’aime pas trop les lâches qui menacent un gosse.

Bah ce n’était peut-être pas une chose à dire mais c’était la vérité. Même ici, même n’importe où.

A peine Colton avait-il hurlé son ordre que les deux cow-boys se figèrent, et Nina profita de la surprise engendrée par son amant pour jaillir de sa cachette comme un diablotin de se boîte en carton pour braquer les deux hommes, leur conseillant d'obéir. Observant pendant un instant la situation, dès que le mercenaire vit les cow-boys lever les mains, il quitta son poste, traversant tout l'immeuble au pas de course, descendant les escaliers à une allure folle, heureux de pouvoir à nouveau bouger et d'avoir, par la même, le droit à un peu de fraîcheur et d'ombre. Certes, le soleil était presque couché, mais la fureur présente dans ses rayons qu'il dardait vers le sol étaient néanmoins assez chauds pour bronzer même lors du coucher de soleil. A peine Colton eut-il franchi les portes de l'immeuble ou il s'était trouvé quelques instants plus tôt qu'il brandit à nouveau sa carabine, mettant en joue le plus âgé des deux, qui devait avoir une bonne trentaine d'années. Le dénommé Rusty, en revanche, était bien plus jeune que le pistolero, et devait bien avoir entre seize et dix-huit ans. Ou alors, il faisait beaucoup plus jeune qu'il ne l'était vraiment.

Alors que Wales approchait, le cow-boy s'expliqua sur leur présence à Tombstone, et précisa que ni l'un, ni l'autre n'avait d'argent. Logique. De cette manière, les Hors-la-Loi n'auraient aucun intêret à les attaquer, à moins que ce ne soit pour leur voler leur chevaux. Le jeune homme fixa son "otage" dans les yeux pendant de longues minutes, sans ciller, jusqu'à ce que celui-ci demande à ce que son "copain" laisse le jeune tranquille. Pauvre petit Rusty, il semblait bien terrorisé, avec le canon d'un six-coup presque sous son nez, surtout quand celui-ci est tenu par une aussi jolie damoiselle... Que le cow-boy avait visiblement pris pour un homme. Colton ne put s'empêcher de réprimer un sourire, avant de rabaisser son arme.

Il avait toujours su quand il pouvait faire confiance et quand il ne le fallait pas, et ces deux cow-boy ne lui inspiraientabsolument aucune méfiance. Et puis, dans le désert de l'Ouest, mieux valait se faire des amis plutôt que des ennemis.

"Pouvez baisser les bras..."

Le jeune homme soupira un instant avant de lancer à son épouse :

"Nina ! C'est bon, laisse le p'tit tranquille..."

Puis il retourna la tête vers le cow-boy, avant de reprendre :

"Toutes mes excuses. On a eu quelques problèmes avec des Hors-la-Loi, et on s'est planqué ici. On ne savait pas à qui on avait à faire, alors j'ai préféré vous mettre en joue immédiatement. Vous m'en voulez pas, j'espère ?"

Certes, Colton disait la vérité quand au fait qu'il avait craint pour leur sécurité si jamais ils entraient là ou était cachée Nina, mais il les avait déja identifiés en tant que cow-boy un peu plus tôt. Mais l'inconvénient avec ce genre d'hommes, c'est qu'il sont comme les Mercenaires et les Chasseurs de Primes... On ne peut jamais véritablement s'y fier. Au moins, les Hors-la-Loi et les Hommes de Loi, au contraire, ont un camp bien défini.Mais au fond de lui, Wales savait qu'il n'avait rien à craindre de ces deux nouveaux venus.

Jetant un oeil à sa compagne, il remarqua une certaine irritation sur le visage de celle-ci. Non pas que le fait qu'on l'ait cru homme l'ait choquée, non, elle avait l'habitude. En revanche, se faire traiter de lâche n'était pas véritablement dans ses habitudes, et il y avait de fortes chances pour qu'elle lui en veuille. Aussi, le pistolero préféra ne rien dire. Toute action de sa part aurait pu entraîner de grosses complications dont il ne saurait prévoir l'issue. Tant que le cow-boy ne venait pas titiller la corde sensible de la jeune femme, aucun problème n'aurait lieu... Du moins, c'était ce qu'espérait le mercenaire...

Mais alors qu'il s'apprêtait à se présenter, Wales remarqua un nouveau nuage de poussière à l'horizon. Beaucoup plus petit que le précédent, indiquant certainement de nouveaux arrivants à Tombstone, ce qui fit pester le mercenaire. Il avait pensé que les compagnons de route des cow-boys étaient restés suffisament loin pour ne pas entendre le moindre coup de feu. Il s'était trompé. A moins qu'ils ne soient pas des simples aiguilleurs de Longhorns...

Rechargeant son arme, Colton plissa les yeux, distinguant trois silhouettes s'avancer vers la ville fantôme. Il lança alors au plus âgé des deux cow-boys :

"Je vais vous demander de réagir vite. Est-ce que ces types-là sont avec vous, ou est-ce que je dois les abattre ?"

Il n'avait pas l'intention de recevoir la visite des mêmes assaillants qui les avait contraints à fuir la cité de Dodge. S'il devait finir le travail, il n'allait certainement pas le bâcler. Si jamais la réponse du cow-boy se révélait négative, alors la mortelle précision du pistolero mettrait à terre trois nouvelles personnes avant même que celles-ci n'aient pu pénétrer dans la ville.

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