Jonny replia la lettre dans ses plis et la jeta sur la table d’un geste lent. En un sens Ema n’avait pas tort. Quitter le ranch à un moment où il n’allait pas très bien pour aller risquer sa vie dans un autre état à la poursuite d’un renégat Indien qui connaissait mieux les lieux que lui et qui n’avait rien à perdre hormis sa peau était un jeu dangereux.
Il prit sur la table une autre lettre, à l’en-tête du gouverneur du Wyoming. C’était celle qu’il avait reçu accompagnant l’avis de recherche de ce Feu du Ciel.
Le dessin qui le représentait était à la fois bien fait et totalement insipide. On ne pouvait voir qu’un Indien, entre deux âges, au regard cruel, avec de longs cheveux noirs, une bête représentation de l’un des représentants des natifs de ce pays que des imbéciles appelaient les « museaux rouges », probablement en réponse aux « visages pâles ». Ridicule.
Suivait quelques informations complémentaires qui étaient un peu plus utiles que ce dessin si pitoyable que l’on se demandait à partir de quoi il avait bien pu être fait et par qui.
L’homme était supposé avoir vingt trois ans, c’était le chef d’un petit groupe de Sioux qui avait prit les armes et fomentait la révolte dans le nord du Wyoming.
C’était vaste le nord du Wyoming…
Il y était encore dit que le nommé Feu du Ciel avait les yeux clairs.
Ce qui pouvait tout aussi bien signifier qu’il avait eu un ancêtre non –indien ou qu’il était une hérésie génétique. La couleur n’était pas mentionnée bien évidement.
Il était en fuite car traqué par plusieurs sheriffs et chasseurs de primes, dangereux et pour sa capture, de préférence vivant car il était promis à la corde – après un simulacre de procès, Jonny ne savait que trop bien avec quel manque d’impartialité avaient lieu les procès des Indiens puisque son crétin de beau-frère en avait mené plusieurs – était de trois mille dollars, frais compris.
Une belle somme.
Une belle somme dont le ranch avait besoin.
Oui mais avant il aurait bien voulu connaître les vraies raisons qui poussaient l’état du Wyoming à rechercher ce renégat. Les apparences étaient souvent trompeuses et la loi pas toujours du côté du plus faible.
